Passage à la numérotation UIC chez Märklin

Bonsoir à tous

Notre ami Pierre ayant soulevé le lièvre du passage de la numérotation ancienne des véhicules à la nouvelle internationale uniformisée dite UIC sans parfois changement de référence, je me suis plongé dans ma documentation pour en tracer l'historique.

Tout d'abord, il convient de savoir que cette numérotation a commencé en 1964 pour les wagons de marchandises pour être terminée en 1968.
Pour les voitures à voyageurs, elle a débuté en 1966 pour être terminée en 1972.
Pour les engins moteurs, on a commencé mi 2011!
Ceci à la SNCF.

Ces dates sont à peu de choses près valables pour la plupart des compagnies Européennes occidentales, avec quelques différences dans la rapidité d'exécution, avec donc une période de flottement entre 1964 et 1972; la DB se distinguant par l'application de cette numérotation également sur les engins moteurs alors que les autres compagnies Européennes ont conservé très longtemps la numérotation ancienne sur les locomotives.

Ce passage de l'ancienne numérotation à la numérotation UIC est généralement ce qui distingue en modélisme les véhicules de l'époque III de ceux de l'époque IV, avec on le voit une période de 1964 à 1972 permettant de panacher quelque peu les compositions.

Denys

Le tout premier véhicule que je trouve avec la numérotation UIC -attention, ici je parle de ce que je trouve et je vois, mais je n'ai pas la prétention d'être infaillible ni exhaustif, donc il pourra toujours se trouver d'autres cas!- apparait dans le catalogue 1966/67, sous la référence 4629, c'est le wagon à bestiaux :



Un exemplaire de ma petite collection :






S'agissant d'une nouveauté, il n'y a donc qu'une référence.

Denys

L'année suivante, dans le catalogue 1967/68, je retrouve deux wagons en numérotation UIC, deux nouveautés encore;

Le wagon à toit et parois coulissants réf 4633 :







Denys

Et le fameux petit tombereau Belge, réf 4656 :







Pour l'instant rien ne bouge dans les anciennes références, ni pour les voitures voyageurs, ni pour le matériel moteur, ce qui semble logique, la numérotation UIC ayant débuté sur les wagons de marchandises.

Denys

Une petite réflexion : en ces temps déjà anciens du modélisme ferroviaire (les plus anciens d'entre nous étaient encore des gamins! ) personne ne se souciait de la compatibilité entre les époques, d'ailleurs les normes édictées par la MOROP les concernant ont été édictées bien plus tard.

La règle était de faire cohabiter tout le matériel disponible, parfois même avec du matériel américain, le seul souci étant de composer des rames voyageurs plus ou moins cohérentes, personne ne pensait encore "modélisme d'atmosphère" et le matériel proposé par les fabricants était, sauf exception notoire, du matériel contemporain, de celui que tout un chacun pouvait voir circuler sur les lignes réelles, je ne vois bien que la "Rocket" de Hornby comme modèle ancien!

Il est donc tout à fait cohérent que Märklin emboite le pas à la réalité et sorte donc une partie de ses nouveaux wagons avec la numérotation UIC, d'ailleurs qui donc l'a remarqué à l'époque?

Denys

Hello

Passionnant , merci Denys pour ces informations et super de nous faire voyager dans le temps

Hors sujet : En voyant les photos des catalogues cela me donne envie de constituer une rame avec des tombereaux SNCF 4623
Mais il faudrait mettre quelle loco Marklin devant ?
( en espérant en avoir une…)

Bon week-end à tous
Enfin bon c presque le week-end

Francis

Mais là, ce sont des nouveautés pas sorties avant. Ce qui me perturbe existentiellement au niveau du vécu, ce sont les machines qui conservent leur référence tout en changeant de numérotation et de livrée.

Prenons la 3037.

Au catalogue 1964/65, elle est verte et immatriculée E41 024
Au catalogue 1969, surprise, elle devient 141 211-3 toujours verte. Elle y est toujours ainsi en 1979.
Et puis elle disparaît. Elle n'est plus au catalogue 1980. Ni les années suivantes. Elle a donc vécu sa vie, la 3037.

Que nenni!! Car voilà-t-y pas qu'au catalogue 1991 réapparaît la référence 3037, immatriculée 141 438-5 et en livrée...rouge trafic avec la bande blanche sur les faces.

Elle m'intéresse celle-là. Je fais donc une recherche de la référence Märklin 3037. Mais pas de bol, je ne vois que du vert.

C'était vraiment si compliqué de changer la référence de la machine? Ja mein Geschäftsführer. Sehr kompliziert!

On arrive donc tout naturellement au catalogue 1968/69 et Märklin, comme pour me faire mentir, nous propose une machine qui n'est plus en service : la BR74, réf 3095!
Elle a fini son service en Allemagne en 1968!
D'ailleurs, l'année précédente, Märklin nous avait proposé la P8, dont les jours étaient comptés.
Signe des temps : on sentait la fin de la vapeur proche et peut-être la nécessité d'en immortaliser quelques séries emblématiques?
Ce sera pour un peu plus tard.

Donc toutes les machines du catalogue conservent leur numérotation, mais, une première intruse amorce le chambardement : la toute nouvelle réf 3075, la Diesel V160 de la DB, annoncée comme telle, porte en effet
l'immatriculation "216 025-7"!





Pour Pierre, le ver est dans le fruit!

Denys

@ Pierre : j'ai tout à fait compris ta réflexion et tes griefs, j'en ai surtout profité pour rebondir et ouvrir ce sujet qui peut être intéressant!

Bon, autant le passage d'une livrée E41 verte à une livrée 141 toujours verte peut faire excuser de conserver la même référence, autant l'arrivée d'une livrée rouge trafic avec la même référence est vraiment déroutante!

Mais les Allemands sont coutumiers du fait : voir le nombre de versions de VW Golf toutes différentes qui gardent le même nom, pareil pour les Opel Kadett ou les VW Polo ou Transporter, la palme revenant sans doute aux Porsche 911!

@ Francis : l'idéal chez Märklin serait la 150 X réf 3046, à défaut une BB 9200 réf 3037, mais cette machine n'était pas dévolue aux trains de marchandises!

Denys

Merci Oli. En réalité, elle ne m'intéresse pas.

Parallèlement aux machines allemandes qui changent du tout au tout sous la même référence, nous avons la 3066, gros nez 204 de la SNCB qui va rester 204 des années après qu'elle fut devenue 54 en réalité. Elle sera présente jusqu'au catalogue 1987. En 1988, surprise: nouvelle référence et nouvelle numérotation: série 54 référence 3133.

On peut penser que pour Märklin, le changement de déco d'une machine qui reste identique ne justifie pas le changement de numérotation : la 3037 rouge sort toujours du même moule que les premières 3037 vertes, elle n'ont toujours pas de ligne de toit rapportée, alors que les nouveaux modèles issues d'un moule tout nouveau ont eu droit à une nouvelle référence.

Ce qui est amusant, c'est que la 3034, qui est en tous points identique à la 3037, mais en bleu, avec le même numéro d'immatriculation, normal, il est en relief et vient de fonderie, a eu droit à sa référence distincte, comme d'ailleurs les 3023 et 3024, bleues et vertes!

Et que des machines qui ont conservé la même immatriculation, comme les BR 44 690, sont sorties, au gré des modifications successives, sous des références différentes :
GN 800, 3047 et 3027!
La G 800 avait une autre immatriculation, de même que la 3108!

Idem pour la BR 01 097 sortie sous les réf F 800, 3026 et 3048.

Si on veut s'y retrouver facilement, il n'y a que le Koll's qui permet d'y voir plus clair, avec des tableaux exhaustifs modèle par modèle, qui sont alors identifiés par un numéro de version.

Denys

Tortillard a écrit:

@ Pierre : j'ai tout à fait compris ta réflexion et tes griefs, j'en ai surtout profité pour rebondir et ouvrir ce sujet qui peut être intéressant!

Denys

Je suis entièrement d'accord et tu as eu une très bonne idée. Et pas la flemme comme moi de faire des scans des pages de catalogues.

Et je relance de 10: les voitures "longues" (plus longues que 24cm) qui apparaissent vers la même époque. Pourquoi certaines font 27 cm et d'autres 26,4 cm alors qu'elles ont en vrai la même longueur UIC de 26m40? Ach! Die Franzosen!

En fait tous ces exemples montrent qu'il n'y a pas forcément de logique bien établie dans tout ça à Göppingen, cela a du fluctuer selon l'humeur des responsables ou peut-être d'autres paramètres que l'on ne connait pas!

En tous cas, c'est bien la seule marque chez laquelle on peut faire de l'historique, voire presque de l'archéologie modélistique, tant toutes les autres ont eu une éxistence beaucoup plus éphémère!

Denys

Pour certaines vapeurs qui changent de référence tout en restant numérotées à l'identique, je me demande s'il n'y a pas un lien avec les fumigènes. D'abord installés d'office en usine puis optionnels.

Non, dans ce cas précis, seules les 3048 et 3047 étaient équipées de fumigènes : les modèles plus anciens n'avaient même pas leur cheminée percée, les moules étaient différents, l'éclairage et le mode de fixation au châssis également.

Denys

Hello

Si on compare avec d’autres situations et ou produits dans d’autres domaines la raison des changements est souvent toute bête :
- Un nouveau chef produit marketing ,
- Un nouveau système informatique qui fait que les codes produits passent en alphanumérique ou de 4 a 6 caractères etc…
- Une volonté de changer

Bref une multitude de raisons sans compter tout bêtement l’erreur humaine …

Chez L’OREAL par exemple la règle était , notamment pour des raisons de traçabilité :

tant que la formulation ne change pas on garde le même code produit pour une crème un shampoing ou un parfum
mais on lui ajoute des indices sur 2 caractères pour toute modification d’une autre caractéristique ( packaging couleur nom commercial changement de matériau du contenant etc …)
Si la formule change alors que tout le reste est le même ( exemple composant interdit ) le code change alors que c’est le même produit
…

Bon, il y a encore beaucoup à dire là-dessus : des détails intéressants dans les catalogues suivants!

Mais ce sera pour plus tard : il se fait tard!

Denys

Bonjour

Revenons à notre catalogue 1968/69 : on y a vu que la nouvelle locomotive 3075 était présentée comme une V 160 mais était numérotée sur la photo 216, comme d'ailleurs l'exemplaire de ma collection, et bien sur la couverture du catalogue, elle apparait en dessin numérotée V 160 :



Or il apparait que -sauf prototypes inconnus restés à Göppingen!- elle n'ait jamais été numérotée de la sorte!

Denys

La 3075 ..
La deuxième locomotive que j'ai reçue !! Je me demande toujours pourquoi mes parents ont acheté celle là !!
Un vendeur très persuasif ???

En fait c'est une excellente machine, munie d'un LFCM, c'est un véritable tracteur, son seul défaut est d'avoir sacrifié à la nouvelle mode de Märklin des caisses en matière plastique, mais son châssis moulé en zamak lui confère un poids respectable.

C'est l'époque ou Märklin tente de changer sa construction traditionnelle pour les motrices en abandonnant les caisses en zamak sur les châssis tôles, avec la E03, la V100, puis d'autres, avant de revenir bien plus tard à une construction entièrement métallique.

La V160, alias BR 216, comme la V100 et les suivantes a toutefois échappé à la maladie qui frappe les premières E03 ref 3053, à savoir la peinture qui s'écaille sur la caisse en plastique.

Denys

Toujours dans ce même catalogue, apparition des deux premières voitures voyageurs en numérotation UIC :



Ici la 4078, voiture restaurant avec un compartiment de 1° classe, surnommée "Kakadoo", soit Cacatoès en Allemand, assez rare.
J'en ai bien une, mais elle est enfouie sous une multitude d'autres voitures 24 cm, j'ai abandonné la recherche pour la photographier!



Et la voiture  4075, la "Capitole" : celle-ci, je n'en ai aucune, au prix où elles se négocient aujourd'hui, je passe mon tour!

Denys

Et toujours ces dessins magnifiques en perspective linéaire qui trompent un peu le client sur la longueur réelle du modèle. Dans les catalogues du début des années 80, on a vu les modèles apparaître en photo. Le choc est insoutenable!

A comparer avec celle-ci qui est en vente. Chère mais pas plus qu'une voiture lits CIWL LSM récente.

c'est une copie "le capitol der SNCF "