Un peu d'histoire:
Série 92
2-3 – ex bad. X b
1-7En 1900, le duché de Bade avait passé commande à Henschel de deux locomotives-tender de type Dn2. Dérivées des T 13 prussiennes, ces machines étaient équipées d’un mécanisme de conduite Hagans, d’un entrainement externe Heusinger et dépourvues des longues caisses à eau latérales de la version prussienne. Formant la série VIII d des chemins de fer badois, ces machines ne connurent pas de suite.
Cependant, les locomotives à tender séparé des séries VII a (Cn2, future BR 5385) et X a (Cn2) déjà en service au début du 20ème siècle n’étaient plus en mesure, tant au niveau de leur performances que de leur nombre, de répondre aux exigences croissantes du service de triage.
Leur adhérence et leurs capacités de freinage n’y étaient plus adaptées.
Parallèlement, les chemins de fer badois avaient pensé mettre en service de triage la puissante locomotive compound à vapeur surchauffée 1’Dh4v de la série VIII e, future BR 56
7, conçue pour le trafic marchandises. Cette machine étant dotée de quatre essieux accouplés, l’administration badoise, tirant profit de la mise au point de ce type de distribution, prenait la décision de passer commande aux ateliers de constructions de machines de Karslruhe (MGB) d’une locomotive-tender à quatre essieux accouplés à vapeur saturée, sans bogie ni bissel, donc de type Dn2, réservée aux activités de triage. Cette machine, constituant la série X b, devenait ainsi la première de toutes les locomotives « 040T » construites en Allemagne.
+-+-+-+-+-+-+-+-+
La machine avait été construite en suivant les plans de l’ingénieur Alexander Courtin. Celui-ci, rappelons-le, avait été concepteur de la badoise IV f, future BR 18
2, elle-même prototype de la machine ayant mené à la conception des S3/6 bavaroises.
Située 2700 mm au dessus du rail, la chaudière était positionnée relativement haut, ce qui avait permis d’installer le foyer entièrement au dessus du tablier. Afin de ménager une bonne visibilité depuis l’abri, importante en service de triage, la caisse à eau en forme de T avait été disposée entre les tôles du cadre. Les deux dômes situés très en hauteur et reliées par une canalisation externe satisfaisaient également aux exigences des opérations de triage en ce sens qu’ils évitaient l’entrainement d’eau lors du lancement de la machine et procuraient à la chaudière une plus grande élasticité, bien adaptée au changement fréquent des masses de wagons mises au crochet.
Bien que la machine fût motorisée à vapeur saturée, l’on avait prévu de l’équiper de tiroirs cylindriques. Le renversement de vapeur s’effectuait via un levier. Une attention toute particulière avait été portée aux dimensions de la tuyère d’échappement afin de maintenir une dépression suffisante dans la boîte à fumée en cas de faible débit de vapeur.
+-+-+-+-+-+-+-+-+
MBG livrait les vingt premières machines de la série en 1907. Six livraisons complémentaires allaient intervenir de la part de MBG jusqu’en 1919. Enfin, clôturant la série, une dernière livraison sortait des usines Maffei en 1921, portant le total des locomotives de ce type à 98.
On peut raisonnablement dire qu’avec leur série X b, les chemins de fer du Bade avaient atteint un sommet technique dans le développement de locomotives réservées aux activités de triage.
Après la première guerre mondiale, deux machines furent remises à la France et six à la Belgique. Je n’ai pas trouvé beaucoup de renseignements les concernant. Les machines françaises furent radiées avant la création de la SNCF ; les machines belges, initialement remises au Nord Belge ont connu du service jusque dans les années cinquante.
L’ensemble de ces machines provenait de la cinquième série de livraison, prévue en 1918. Comme elles n’ont jamais effectué de service en Allemagne, il est plus que probable qu’elles furent préemptées directement en sortie d’usine.
Les 90 autres locomotives X b furent intégrées à la DRG comme série 92
2-3 (92 201 à 92 320) avec des trous dans la numérotation. Comme à l’accoutumée aux chemins de fer du Bade, les numéros de locomotives radiées étaient réattribués à d’autres :
Les séries de construction des machines X b :
Xb1 – Fabricant MGB – 1907 – numéros DRG 92 201 à 220
Xb2 – Fabricant MGB – 1908 – numéros DRG 92 221 à 232
Xb3 – Fabricant MGB – 1914 – numéros DRG 92 241 à 251
Xb4 – Fabricant MGB – 1915 – numéros DRG 92 261 à 266
Xb5 – Fabricant MGB – 1918 – numéro DRG 92 271
Xb6 – Fabricant MGB – 1919 – numéros DRG 92 281 à 290
Xb7 – Fabricant Maffei – 1921 – numéros DRG 92 291 à 320
A la DRG, les machines furent placées sous le contrôle de la Direction de la Reichsbahn de Karlsruhe jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. En 1928, elles étaient partagées entre les dépôts suivants : Mannheim P (10), Mannheim RBf (32), Karlsruhe RBf (19), Offenburg (10), Freiburg (7) et Haltingen (12). Les premières radiations intervinrent en 1933 (une machine), 1936 (une machine) et 1937 (quatre machines). La BR 92 242 fut transférée en 1937 aux chemins de fer locaux du Hohenzollern (Hohenzollerischen Landesbahn AG) où elle effectua du service comme locomotive n° 14 jusqu’en 1955.
Plus tard, certaines machines furent transférées aux dépôts de Villingen, Singen et Waldshut. Très peu de machines quittèrent le Bade au cours de la guerre.
A la DB, on comptait encore 74 locomotives en service en 1953. Elles dépendaient des dépôts de Bâle (gare allemande), Fribourg, Heidelberg, Karlsruhe, Mannheim, Offenburg et Villingen. Les radiations allaient ensuite s’accélérer. On comptait encore 47 locomotives en 1959, 13 en 1963. La dernière machine en service fut la BR 92 319 du dépôt de Radolfzell, radiée le 25 avril 1966.
La DR hérita des machines 92 214 et 92 310. Stationnées d’abord au dépôt de Hoyerswerda en 1947, elles rejoignirent celui d’Aschersleben en 1955 puis furent vendues à l’industrie.
Les machines X b badoise pouvaient tracter 720t à 45 km/h sur le plat et 100t à 35 km/h en rampe de 20‰.
Catégorie : D n2
Distribution : Gt44.14 (92 201 à 232) puis Gt44.15
Diamètre des roues motrices : 1262 mm
Vitesse maxi : 45 km/h
Fabricant : Krauss
Première mise en service : 1907
Tender : 2,5t de charbon
Nombre total construit : 98
Nombre intégré à la DRG : 90
Numérotation : 92 201 à 92 320 – non continue
Dates de réforme : 1966